Il m’a fallu du temps pour comprendre que je n’étais pas “trop” sensible, ni “pas assez” sociable. Pendant longtemps, je me suis sentie décalée. Fatiguée par les interactions, bouleversée par des choses que d’autres ignoraient, le cœur saturé de bruits, d’émotions, de regards. J’essayais de m’adapter, de faire comme tout le monde. De “tenir bon”. Jusqu’à ce que je n’en puisse plus.
Souhaitez-vous guérir de l'anxiété et vivre une vie épanouissante ?
Découvrir l'auto-thérapieJe suis introvertie. Et hypersensible. Deux traits que je ne comprenais pas, que je rejetais parfois, jusqu’à m’épuiser. Ce n’est pas un diagnostic, ni une excuse : c’est une réalité intérieure, profonde, qui influence ma manière de ressentir le monde — et de survivre à l’anxiété.
Ces deux mots — introvertie et hypersensible — reviennent souvent, mais peu de gens en saisissent la portée réelle. Avant de pouvoir les accepter comme une part de moi, j’ai dû apprendre à les comprendre.
L’introversion n’est pas un manque de confiance, mais un mode de fonctionnement neurologique et énergétique. Les introvertis puisent leur énergie dans la solitude, dans le calme, dans les espaces où ils peuvent réfléchir, sentir, exister sans se disperser. Trop de stimulations sociales ou sensorielles peuvent être épuisantes, même si elles ne sont pas désagréables en soi.
Ce n’est pas qu’on ne veut pas parler aux autres. C’est qu’on a besoin de temps seuls pour se recentrer.
L’hypersensibilité, c’est une réactivité accrue du système nerveux : aux sons, aux lumières, aux émotions, à la douleur, mais aussi à la beauté, à l’intuition, à la souffrance des autres. On absorbe vite, on ressent fort. Cela peut être merveilleux… ou accablant, quand on ne sait pas le gérer.
Ce n’est pas qu’on dramatise. C’est qu’on ressent tout intensément, y compris ce que les autres ne remarquent même pas.
Être à la fois introvertie et hypersensible, c’est parfois vivre dans un monde trop bruyant, trop rapide, trop intense. Chaque journée peut devenir une course contre soi-même pour tenir, s’adapter, faire bonne figure. Et souvent, on s’oublie dans ce processus.
Mais c’est aussi une richesse. Une sensibilité à ce qui est subtil, une capacité à créer du lien profond, à percevoir ce que d’autres ignorent. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il fallait apprendre à apprivoiser ces traits, et non à les faire taire.
Avant de sombrer, il y a eu des signaux. Des appels du corps, de l’âme, de mon système nerveux. Mais je ne savais pas les écouter. Pire : je les ignorais en pensant que c’était “normal”. Que c’était à moi de m’adapter, de forcer, de continuer. Comme beaucoup d’introverties hypersensibles, je me suis perdue à vouloir correspondre à un rythme qui n’était pas le mien.
Pendant longtemps, j’ai porté un masque. Celui de la fille souriante, sociable, performante. Même si chaque interaction me vidait. Je me forçais à sortir, à parler, à répondre vite, à faire comme si ça allait. Je rentrais épuisée, mais je pensais que c’était normal. Que tout le monde vivait ça. Ce que je ne savais pas, c’est que je me déconnectais peu à peu de mes besoins réels.
Les migraines, l’insomnie, la boule au ventre avant une réunion ou un appel, les larmes sans raison apparente... Tous ces symptômes étaient là pour me parler. Mais je les ai traités comme des ennemis à faire taire. Je buvais plus de café. Je me distrayais. Je me mettais des objectifs pour me “reprendre en main”. Mon corps criait, et moi, je lui demandais de se taire.
Je croyais que je manquais de volonté. Que j’étais fragile, paresseuse, instable. Chaque fois que je n’arrivais pas à “suivre le rythme”, je culpabilisais. Je me comparais. J’enfonçais le clou. À aucun moment je n’ai envisagé que mon mode de fonctionnement était simplement différent, pas déficient.
Quand j’ai commencé à prendre conscience de mon anxiété, ma première réaction a été de vouloir la “soigner”, la “faire disparaître”. Je pensais qu’il fallait “corriger” ce qui clochait en moi. Je n’avais pas compris que l’anxiété n’était pas une erreur, mais un signal d’alarme. Un cri de mon corps et de mon esprit pour que je m’écoute enfin.
Ces signes, je les ai ignorés trop longtemps. Et c’est leur accumulation silencieuse qui m’a menée à l’effondrement. Ce que j’aurais aimé savoir à ce moment-là ? C’est que je n’étais pas seule. Et que je n’étais pas cassée.
Il y a des phrases qui auraient pu me sauver du silence intérieur, de la honte, de l’auto-jugement. Des mots simples, que personne ne m’a dits — ou que je n’ai pas su croire. Aujourd’hui, si je pouvais parler à celle que j’étais avant de sombrer, je lui dirais ceci :
Tu n’es pas paresseuse. Tu n’es pas bizarre parce que tu préfères le silence à la foule, une soirée seule à une fête bondée. Tu fonctionnes autrement. Ton besoin de calme est vital, comme l’air ou le sommeil. L’ignorer, c’est te trahir.
Tu n’as rien à prouver. Ton rythme est lent, profond, intérieur — et c’est parfaitement valable. Tu n’as pas besoin de parler plus fort, d’aller plus vite, d’être plus visible pour mériter ta place. Ta façon d’être est déjà complète.
Tu ressens tout intensément, c’est vrai. Parfois ça fait mal, mais c’est aussi ce qui te rend capable d’aimer, de créer, de comprendre les autres avec une finesse rare. Ce n’est pas un défaut : c’est un don. Il mérite d’être protégé, pas étouffé.
Tu n’es pas condamnée à vivre dans le débordement ou l’isolement. Il y a des pratiques douces, des espaces sûrs, des chemins vers toi-même qui respectent ta sensibilité. L’auto-thérapie, l’écriture, la respiration, les limites… tout ça, tu peux l’apprendre. À ton rythme. Sans violence.
J’aurais aimé qu’on me dise que je pouvais m’aimer sans me changer, que je pouvais vivre mieux sans devenir quelqu’un d’autre. Ces phrases-là, c’est peut-être à toi que je les adresse aujourd’hui.
Il n’y a pas eu de déclic magique. Pas de grande révélation. Ce fut un processus lent, souvent inconfortable, mais profondément libérateur. Il a fallu que je tombe pour commencer à chercher un autre chemin. Et, surtout, pour comprendre que je pouvais m’en construire un, à ma manière.
Voici ce qui m’a réellement aidée à remonter la pente sans me trahir.
Avant de me guérir, j’ai dû apprendre à me lire. J’ai fait des tests de personnalité (comme le MBTI ou le HSP), j’ai lu des livres, j’ai tenu un journal. J’ai commencé à repérer les situations qui me drainent, celles qui me nourrissent. Plus je comprenais mes réactions, moins je les subissais.
Ce travail d’observation m’a permis de nommer ce que je vivais. Et nommer, c’est déjà commencer à libérer.
J’ai longtemps voulu "combattre" l’anxiété. Mais un jour, j’ai compris qu’elle avait quelque chose à me dire. C’est là que j’ai commencé l’auto-thérapie : écrire ce que je ressens, pratiquer la respiration consciente, observer mes pensées sans les juger.
Ces rituels simples, quotidiens, ont été mes premiers filets de sécurité. Ils m’ont permis de revenir à moi quand tout menaçait de déborder.
J’ai appris, parfois dans la douleur, que dire "non" n’était pas égoïste. Que refuser une invitation, demander du silence, couper le téléphone, c’était se respecter. J’ai commencé à choisir avec soin les lieux, les gens, les rythmes. Non pas pour me couper du monde, mais pour créer un espace dans lequel je pouvais exister pleinement.
Cela passe par des choses très concrètes : un coin calme chez moi, une playlist apaisante, des routines douces. Mais aussi par un état d’esprit : ne plus me parler avec violence, ne plus m’imposer ce que je ne suis pas. C’est là que j’ai commencé à ressentir une forme de paix.
Ces clés ne sont pas des solutions miracles. Mais elles m’ont permis de me retrouver, après des années à me fuir. Et chaque jour, je continue à avancer, avec plus de douceur, plus de conscience, plus de respect pour celle que je suis.
Aujourd’hui, je ne cherche plus à "guérir" de ce que je suis.
Je ne veux plus me forcer à être autre chose qu’une femme sensible, intérieure, parfois lente, mais intensément vivante.
Être introvertie et hypersensible, ce n’est plus une charge. C’est devenu un guide, une boussole pour m’orienter vers ce qui me fait du bien — et m’éloigner de ce qui m’épuise.
Je sais désormais quand ralentir, quand me retirer, quand me taire. Et surtout : je m’autorise à le faire. Je choisis mes engagements, mes relations, mes environnements avec soin. Je ne cherche plus à “tenir” : je cherche à me préserver.
Je capte des nuances, je ressens ce que d’autres ne voient pas. C’est parfois lourd, mais c’est aussi une immense richesse dans mes relations, dans ma créativité, dans ma perception du monde. Ma sensibilité me rend profonde, intuitive, connectée. Et ça a de la valeur.
Je n’écoute plus uniquement la voix extérieure — celle de la norme, du rendement, de l’agitation. J’écoute ma fatigue, mes envies, mes besoins. Je fais confiance à mon intuition. Elle sait. Elle a toujours su. Il fallait juste que je lui laisse la parole.
Je ne me maltraite plus pour plaire, pour m’intégrer, pour faire illusion. Je fais de mon bien-être une priorité, pas une récompense. Être moi, avec toute ma profondeur, ma sensibilité, mon silence intérieur… c’est suffisant. Et c’est beau.
Il m’a fallu du temps pour en arriver là. Et j’y travaille encore. Mais chaque pas est une victoire. Et si tu te reconnais dans ces mots, alors tu n’es pas seule. Ton chemin est peut-être différent du mien, mais tu n’es pas brisée. Tu es juste à apprivoiser.
Être introvertie et hypersensible, ce n’est ni une faiblesse ni une maladie. C’est une manière d’être au monde, avec ses défis, mais aussi ses richesses. Ce que j’aurais aimé savoir avant de sombrer, c’est qu’il est possible d’apprendre à s’aimer, à s’écouter, à se respecter — sans changer qui l’on est vraiment.
Si tu te reconnais dans ce chemin, sache que tu n’es pas seule. Il existe des outils, des méthodes, et surtout une communauté qui peut t’accompagner dans cette quête de paix intérieure. Sur mon site d’auto-thérapie, tu trouveras des ressources pensées pour toi, avec douceur et bienveillance.
Prends soin de toi. Ta sensibilité est un trésor.